Genève
25 janvier 2023

Résultats de l'enquête participative "Quels sont les dangers qui menacent votre sécurité à Genève ?"

Laura Garcia Vargas

En partenariat avec l'OPPi, du 22 juin au 15 novembre 2022, nous avons invité les habitants de Genève à participer à l'enquête participative en ligne "Quels sont les dangers qui menacent votre sécurité à Genève ?

Sign of “circulation sous video surveillance,” with tram, and buildings, in Geneva

J.B.R.

Edgelands est un institut éphémère (dit "pop-up") qui crée des espaces physiques ou numériques pour explorer les impacts de la numérisation de la sécurité urbaine sur le contrat social des villes. Ces espaces ouvrent la voie à d'ambitieuses discussions sur les avantages et les défis engendrés par l'utilisation d'outils numériques par les administrations publiques comme les acteurs privés.

To begin our work in Geneva, between February and April 2022, the Edgelands Geneva Team conducted over 40 interviews, and hosted 3 round tables, where we asked different people in Geneva—from members of government, academia, civil society, and regular citizens—How is the digitization of security transforming the social contract of the city?

As a result of those interview and round tables, we wrote the Diagnostic Report GENEVA: A CITY OF PARADOXES AND DUALITIES. The three main findings of this report were i) the issue of security and safety is reserved to exclusive expert circles; ii) the digitalization of society is happening rapidly and the public discussion about it is lacking; and iii) private companies play a prominent role in the digitalization of urban life.

Based on this Diagnostic Report, since June 2022 we have been hosting various spaces where resident of Geneva can explore, think, and discuss about the benefits and risks of the use of digital technologies to provide public security in Geneva and on the going digitalization of our daily lives.

One of these spaces was the online participatory survey, “What Are the Dangers That Threaten Your Safety in Geneva?” In partnership with OPPi, from June 22 to November 15 of 2022, we invited the residents of Geneva to answer some questions, and to leave their comments and opinions. We got 414 respondents, and 114 comments.

The Aim of the Survey

In a time where most parts of our lives are mediated by a digital technology, the conversations around security and insecurity and the different trade-offs that individuals are willing to make are complex. They involve multiple stakeholders, interests, and they are usually framed on complex terms that require high degree of technical knowledge.

Ainsi, cette enquête participative doit être considérée comme la première étape d'une conversation plus longue. Son but était de fournir une plateforme pour un dialogue et une conversation générative à grande échelle, une "dipstick" rapide mais puissante, où nous avons examiné (et découvert) la question complexe de la sécurité et des technologies numériques à Genève sous différents angles et perspectives. Si nous utilisons l'analogie médicale, le "dipstick" est comme le stéthoscope ou le médecin qui informe ensuite le choix entre une IRM, un CT scan, une radiographie ou une échographie pour la phase suivante de l'analyse.

Participants were asked to answer two types of questions: seed statements and multiple-choice questions. The first ones were fact statements of opinion about different issues related to security in Geneva, on which people were asked to choose between three options: agree, disagree, or undecided. With these we wanted to measure people’s feelings about these statements. The multiple-choice questions ask participants to choose from predefined options regarding demographics (such as age, gender, and occupation), and about their perceptions about the responsibility for their digital security, the data that is being collected, and trusted actors. These questions helped us to understand the demographic profile of our respondents as well as to “slice and dice” the results of the seed statements by any of these variables.

After answering all the questions, participants were shown a real-time summary of the results of the entire survey, the opinion group in which they fall under, and the other opinion groups and the statement in which they share the same and different opinion. As part of the methodology developed by OPPi, showing the results and opinion groups at the end has 3 benefits. First, it helps individuals in society to cultivate self-awareness and collective awareness. Second, it shifts the ownership or burden of the issue from the organizers to the community (i.e., leaders and community respondents). Third, participants start to contribute more meaningful comments and statements to build common ground with their peers.

Below you will find the Executive Summary of the report “Citizen Science for Tri-Sector Response: Participatory Citizen Sentiment Crowdsourcing Study in Geneva,” where we explain in more detail the survey’s methodology, and share its results.

Executive Summary

Comment comprendre la perception de la sécurité des habitants de Genève ? L’Institut Edgelands a cherché à répondre à cette question dans son deuxième emplacement pop-up à Genève. Dans l’esprit de la recherche participative basée sur la communauté (CBPR), l’équipe a mené une série d’entretiens, de groupes de discussion et de débats avec des universitaires, des étudiants, des partenaires médiatiques, des experts en recherche et des citoyens pendant environ 1 mois afin de formuler 15 énoncés de base et 7 QCM pour une enquête participative et émergente qui a été lancée le 20 juin 2022. Après avoir examiné la série initiale de résultats obtenus auprès de 182 participants, l’équipe de recherche a validé 2 déclarations et 1 QCM supplémentaires le 18 juin 2022. supplémentaires et un QCM supplémentaire le 18 juillet 2022. La conversation s’est terminée le 15 novembre 2022 avec 414 répondants.

L’étude a révélé 3 groupes d’opinions ou « tribus » différents. Le groupe A (22 % des 414 répondants) se sentait en sécurité par rapport à la majorité des répondants du groupe B (53 % des répondants) qui se sentent craintifs et peu sûrs. Le groupe C (22 % des répondants) étaient soit indécis, soit craintifs quant à la sécurité à Genève. L’enquête a révélé un manque de confiance modéré dans les institutions publiques et une grave méfiance à l’égard des grandes entreprises technologiques.

Afin de quantifier et de comparer les perceptions de la peur, nous avons classé les craintes relatives à 7 questions dans un « axe de la peur »., Il en ressort que la crainte de l’utilisation des données personnelles par les grandes entreprises technologiques est la plus élevée, suivi par les algorithmes, puis la surveillance, les fraudes numériques, l’utilisation abusive des données personnelles par le gouvernement ; et enfin la peur de la sécurité physique.

Nous avons créé un autre « axe d’accord » ou « axe d’approbation publique » qui montre que la confiance dans la compétence des autorités à protéger la vie numérique était la plus faible, suivie de la confiance dans la fiabilité et l’efficacité des médias sociaux, puis le sentiment de sécurité face à des autorités qui utilisent davantage de technologies pour protéger les citoyens. La dépendance et la capacité d’attention contribuant à un problème de santé publique ont recueilli le plus grand nombre d’avis favorables, suivies de la perception que les personnes à Genève ne signalent pas les délits numériques ; la possibilité d’envisager une « panne » de service numérique ; le sentiment d’être submergé par la numérisation de la vie urbaine et sociale ; la difficulté de remplir des formulaires gouvernementaux numériques ; et enfin, le fait d’accepter que les données personnelles collectées par le gouvernement soient stockées à l’étranger.

Cinq questions ont suscité de fortes divisions et ont justifié un plus grand débat public et la recherche d’un consensus dans la société. Il s’agit des questions suivantes : la numérisation accrue de la vie urbaine et sociale, la crainte d’être victime de fraudes numériques ; la crainte d’une utilisation abusive des données personnelles par le gouvernement genevois ; la crainte de l’utilisation de plus de technologie par la police et le gouvernement ; et enfin, l’efficacité du partage des incidents sur les médias sociaux par rapport au signalement aux autorités.

Dans l’ensemble, l’âge et le statut de séjour sont deux marqueurs identitaires ou démographiques importants qui expliquent certaines différences dans la façon dont les répondants ont voté. Les commentaires qualitatifs ont révélé des couches complexes de nuances et de textures qui laissent entrevoir les causes profondes des problèmes à résoudre, par exemple le fossé socio-économique, le fossé des classes ou le fossé croissant de la culture numérique.

En nous inspirant de l’« axe de la peur », de l’« axe de l’accord », de la matrice de décision et des commentaires du public, nous avons dressé une liste de 19 recommandations détaillées sous 9 grands thèmes de recommandations de haut niveau. Nous avons visualisé ces recommandations dans une matrice 3X3 qui représente 3 acteurs différents de la société qui pourraient agir sur plusieurs points d’action selon trois niveaux de priorité. Nous concluons ce résumé par six des recommandations les plus importantes.

Premièrement, il y a un sentiment de résignation ou d’« impuissance acquise » face à un pouvoir qui penche trop favorablement dans les mains des grandes entreprises technologiques. La société a besoin d’une force compensatrice pour tenir en échec les intérêts des grandes entreprises technologiques. Un partenariat trisectoriel « public-peuple-privé » de processus de démocratie délibérative (par exemple à Taiwan) ou de comités d’examen et de panels de citoyens qui explorent et sensibilisent le public aux nuances des arguments de toutes les parties prenantes pourrait aider la société à progresser plus délicatement et plus habilement vers un consensus sur ces questions. Des audits indépendants de la transparence et de l’utilisation correcte des données personnelles par les grandes entreprises technologiques contribueraient à apaiser les craintes des citoyens.

Second, more needs to be done by the authorities to earn back the trust of the people. The authorities need to grow and demonstrate their competence to protect the digital lives of citizens. They need to ensure the proper use of personal data of citizens and residents as well as allay fears by citizens on the increased presence of digital surveillance in their daily lives.

Troisièmement, les réponses de la justice et des services répressifs n’ont pas été suffisamment développées pour faire face aux crimes numériques qui évoluent à un rythme beaucoup plus rapide. Il est urgent que les citoyens et les résidents soient informés de leurs droits sur leurs données et des voies de recours en cas de violation de ces droits. Une meilleure coordination entre la police, le système judiciaire et les citoyens est nécessaire pour répondre rapidement à la nature évolutive des menaces numériques.

Quatrièmement, la dépendance aux technologies, la réduction de la durée d’attention, la peur des algorithmes et leur impact sur la santé publique constituent une « bombe à retardement » prête à exploser dans un avenir proche si nous ne prenons pas de mesures préventives ou proactives pour résoudre le problème. Les commentaires semblent suggérer que le problème est hors de contrôle et très complexe, ce qui nécessite la coopération de multiples parties prenantes.

Cinquièmement, la société devrait se réunir pour discuter de la manière dont la fiabilité des médias sociaux en tant que source d’information et de sensibilisation aux menaces pour la sécurité à Genève pourrait être améliorée, ainsi que de la manière dont ils pourraient compléter les canaux de signalement formels auprès des autorités. autorités. Il s’agit d’un domaine de développement naissant qui nécessite une délibération plus concertée entre la population, le secteur public et le secteur privé, qui pourrait être mise à l’épreuve par une série d’exercices de planification de scénarios.

Sixièmement, il existe dans la population une proportion importante de personnes âgées et de minorités non alphabétisées dans le domaine du numérique qui ont du mal à remplir les formulaires administratifs numériques. Il convient d’adopter un cadre d’élaboration des politiques fondé sur la philosophie du « centrage des marges » afin de combler le fossé entre les personnes ayant une culture numérique et celles qui n’en ont pas. Il s’agirait par exemple d’offrir une assistance humaine plus importante pour ces services et de concevoir des formulaires numériques centrés sur l’humain dont la conception UI/UX est optimisée pour ces minorités.

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